Le nombre de passagers fut le
premier problème à surmonter. Partir à quatre dans un DA40 demande une gestion
très précise du poids. Avec 80 litres (4 heures d' autonomie) et 20 kg de
bagages, nous sommes dans les spécifications constructeur. Il faudra se limiter
à des tronçons de 300 nautiques.
Après avoir conquis l' Espagne,
puis les îles Baléares par les airs, je me demandais comment changer de
destination tout en gardant ce coté " franchissement des mers». Le voyage en
avion prend en effet tout son intérêt lorsqu'il nous permet de rejoindre des
endroits inaccessibles par les moyens de transports ordinaires. Quelques récits
vus sur le web ainsi que quelques reportages d'aventuriers lus sur la revue
aéronautique " info-pilote" me donnèrent envie de me tourner vers l' Italie. Je
regardai alors la mappemonde pour trouver un endroit difficile d'accès par la
route. Mon oeil fut alors attiré par la mer adriatique, située sur le flan ouest
de l' Italie. Elle me disait : survole moi ! De l'autre coté, la Croatie. Un
pays dont je n'avais entendu que du bien. Tout devint clair: ma prochaine
destination serait la Croatie.
Après quelques mesures de distances et estimations du prix, il me fallut réunir
un équipage. Divisé par quatre, le prix du voyage semble très raisonnable. Donc,
première étape: trouver de gens intéressés par le voyage et par l'aviation. Le
premier volontaire ne fut pas difficile à trouver. Nous avons déjà voyagé
ensembles. Je réserve donc l'avion pour cinq jours. Deux personnes furent à leur
tour intéressées. Passage à la seconde étape: préparation du vol.
Le moment de dessiner le trajet est
arrivé. Les monts Apennins (en italien Appennino) l’épine dorsale de l’Italie.
Ils forment une chaîne montagneuse qui parcourt sur 1 000 km l'Italie du nord au
sud. C’est une barrière naturelle qui culmine à 7100 pieds.
La météo du moment étant plutôt tourmentée,
la
plaine du Pô me semble un passage idéal. Elle s' étire d' ouest
en est, et
aucune montagne ne pourra m'empêcher, en cas de
mauvais temps, de voler sous
le plafond. La carte au 1/500000
montre un enchevêtrement de CTR et TMA, de
classe D et
A parfois à partir de 1000 pieds AGL. On devra voler très
bas...
A moins que l'on puisse faire des verticales au dessus des
aéroports.
Comment prévoir la réponse du contrôleur italien quand je
lui
demanderais de traverser la zone Charlie ? Recherche sur le web,
puis
mail dans la "pilot-list" . Là, un pilote italien volant à Lucca
me donne ses
coordonnées. Par téléphone, il me déconseille
la plaine du Pô, humide et
souvent nuageuse. Le passage des Apennins est plus dégagé si on part tôt le
matin ou tard le soir (lorsque les nuages ne sont pas formés). Merci Nicola
(LIQL).
Derniers paramètres à prendre en compte:
la Croatie n'étant pas membre de l'Europe, il faut choisir des aéroports
internationaux où on pourra passer à la douane. Il faut aussi s'assurer de
la disponibilité du jet A1. Une règle, un crayon, et voila la route est
tracée.
De Pula, nous irons ensuite à Split pour
survoler les îles croates, puis retour par Florence. Il ne reste plus qu'à
étudier les réglementations Italienne et Croate, ainsi que la configuration des
FIR , TMA et ATZ. Sur internet, l' ENAV (SIA Italien) est très bien fait. On y
trouve les GEN, ENR, AD, MAP, AIP et même la météo. Tout cela avec les mêmes
chapitres que notre SIA. Il n'y a plus qu'à imprimer les cartes VAC et leurs
TXT, ainsi que le zones P R et D qui se trouvent sur le chemin.
Il n'y a pas, pour l'instant, de site
internet AIS pour la Croatie. Il faut fouiller sur le web. Quelques sites
utiles:
Quelques soirées pour terminer un log de
nav bien documenté, quelques passages à l'aéroclub pour rentrer les points de
reports dans le GPS et par un beau jour du moi de mai, nous voilà sur le départ.
En ce samedi après midi, il fait beau à Montpellier, mais la TEMSI annonce une
zone nuageuse à l'arrivée. La carte VAC de notre première étape, Albenga,
précisait bien que l'atterrissage sur cette piste encaissée entre deux montagnes
était impossible sans une bonne visibilité. Je prévois donc la carte VAC de
Genova, l'aéroport suivant, plus grand , mais en bord de mer, comme à Nice.
16h30, Sous le regard du reste de l'équipe, je commence la
prévol.
Le trajet par la cote à 1500 pieds se
passe bien. Un léger vent arrière nous imprime une vitesse de 135 noeuds. Les
calanques, Cannes, Nice, Monaco, Menton puis l'Italie. Comme d'habitude, à 1500
pieds, les montagnes nous empêchent de recevoir la radio. Je vol donc
"illégalement" en silence... Quelques grésillements et buongiorno je peux
annoncer mon passage de frontière. Puis le temps se gâte. Des nuages noirs
approchent. Je passe sur Albenga info. L' AFIS me dit que la piste en service
est justement celle qui demande de faire un vent arrière dans la montagne. Le
problème est que je ne vois ni la piste, ni la montagne. Après quelques 360 ° de
réfléchissement, n'ayant pas ma canne blanche sous la main, je me déroute sur
Genova. La piste en bord de mer me tend les bras.
Genova est une ville industrielle.
Quelques rues étroites, une grosse autoroute au dessus de la ville, quelques
beaux bâtiments sur une place, puis Pizza (la spécialité du pays). Le lendemain
matin, le ciel parait encombré. Direction l'aéroport. Quelques allers
retours douane - police - bureau de piste. Payement de la grosse taxe ( 77, 27 €
). Bureau météo. Les TAF sont au CAVOK sur tout le parcours. Il suffira de
passer les premiers nuages.
Les essais moteurs terminés, je demande à la tour d'activer
mon plan de vol. "Je vous rappelle". Cinq minutes plus tard, allo la tour ? Il
ne trouve pas mon plan de vol. Il faut que je retourne voir les ARO. Follow me
again. Je redépose mon plan de vol, Follow me again again. La tour voit alors
bien mon plan de vol et me permet de rouler pour refueller. Puis décollage et
vol sous la couche en baissant la tête pour ne pas toucher la TMA classe C à
2000 pieds. La couche se dissipe juste au moment où il faut monter pour passer
la montagne. FL075, ou plutôt 7500 pieds, car les niveaux de transition
sont très hauts en Italie.
Magnifique vue sur les Monts
Apennins encore enneigés.
Un petit " lago " , c'est mon point
tournant.
Rien que de beaux paysage montagneux,
puis la plaine. Ensuite la mer. Descente de niveau de vol vers 6500 pieds pour
respecter la semi-circulaire. Un champs de plateforme pétrolière, puis je
rentre en contact avec mon premier Croate qui me demande de le rappeler 10 NM
avant Pula. Pas compliqué au moins. Descente vers le bleu. Les premières
Iles en vue. De magnifique îlots verts entourés de bleu et bordés de
blanc.s
Dix nautiques, le contrôleur me dit
de le rappeler en final piste 09. Pas de temps perdu.
Arrivée sur Pula.
Finale. Je suis autorisé à
atterrir. En réduisant les gaz, le moteur accélère. Je me dis que si ce dernier
se met à tourner dans le vide, je suis bon pour faire un strike dans le PAPI!
Petite remise de gaz et re-réduction des gaz. Tout va bien. C'est le pas
variable qui m'a fait une petite frayeur pour rien.
Follow me et superbe place juste
sous la tour. Impossible qu'on me vole l'avion ici ! On me met les cales, on
m'attache les points d'encrage et le fuel arrive. Royal.
Même les camions de pompiers sont
beaux ( d'où l'expression ) ...
Tout le monde s'affaire autour de
nous. Pendant le ravitaillement, quelqu'un est monté sur l'aile pour prendre son
sac. Le pompiste me fait voire une grosse mare d'essence juste sous l'aile. Ca
tombe bien, je ne fume pas. Un camion de pompier vient nous asperger les pieds
en même temps que le kérosène. Dans la follow me, on me fait comprendre que la
prochaine fois, ça serait payant. Juré, je ne le referais plus.
L'amphithéâtre de Pula, construit
de l'an -27 à l'an 14, pour les combats de gladiateurs. Jésus avant 14 ans
...
Les Croates n'aiment pas se cogner
dans les poteaux de stop:
Après une recherche d' hôtel
laborieuse, juste le temps d'aller à la mer. Superbe paysage, l'eau est bonne,
le fond sous-marin très joli. On regarde le soleil se coucher avant de repartir
visiter la ville et choisir un restaurant.
La nuit, l'amphithéâtre n'est pas
mal non plus.
La vieille ville est très
pittoresque.
Le lendemain, le reste de l'équipe
est fatigué et décide de ne pas faire la branche Pula-Split. A la place, journée
détente et plage. Dommage, c'était la plus courte étape et la plus belle.
L'église est dans l' amphithéâtre:
Et elle n'y est plus:
La plage est
paradisiaque.
Et l'eau limpide.
Il faut trouver un logement pour le
soir. L' équipe est tellement bien à Pula, qu'elle décide d'y rester un jour de
plus. On annule l'escale à Florence. On fera Pula - Albenga et Albenga -
Montpellier le même jour.
Un cadre idyllique.
Le lendemain, Ca sera visite des
îles en bateau.
L'île de Rosinj, l' île rouge et
son clocher géant.
Petite ballade sur l' île bien
sympathique en cette saison.
De jolies petites
ruelles.
On se sent un peu comme chez nous
...
C'est beau, et ça sent
bon.
La
tour géante de l'église vu d'en bas.
Et vue de l'
intérieur.
Ce que l'on voit d'en haut,
magnifique vue.
On se croirait presque en
avion.
En Croatie, ils ont remplacé le coq
par une mouette et ils mettent des arbres sur le clocher des
églises.
Si il pleut, on ferme les volets et
le linge reste sec. A breveter !
Petites rue pavées et bien
ombragée.
Des habitations pleines de
charme.
Des décors tout droit sortis d'un
tableau de maître.
Au retour de la croisière, passage
dans l'amphithéâtre. Vue de la place des gladiateurs.
Départ de Pula pour rallier Albenga
puis Montpellier. Le DA40 a consommé 3 litres d'huile qu'il faut remplacer.
Passage à la douane rapide, plan de vol au bureau de piste et météo. La
situation se dégradera sur la Croatie. Montpellier est nuageux et venteux, mais
amélioration prévue. Il ne faut pas perdre de temps.
Décollage de Pula en piste 27.
L'Italie droit devant.
Les premiers petits cumulus
commencent à se former sur l' Istrie.
Les cumulus en formation
envahissent le ciel avec leurs magnifiques volutes. Il nous faudra monter au
niveau 85 pour passer juste au dessus.
Pour passer les Apenins, le CAVOK
prévu. Privilège du VFR, nous survolons d'extraordinaires paysages en nous
prenant pour des oiseaux. Nous sommes au coeur du plus vieux rêve de l'humanité.
IFR, pour quoi faire ?
Traversée du golf de Genova, puis
arrivée sur Albenga. Meilleure visibilité qu'à l' aller. Branche vent arrière à
2000 pieds puis descente dans la vallée pour se poser face à la mer.
Nous l'avons fait !
Déjeuner dans l'aéroport. Superbe
salle des pilotes avec internet, imprimante et de confortables sièges pour se
relaxer. Plus besoin de douane ni plan de vol. Décollage face à la mer puis
trajet côtier à 600 pieds devant Monaco. Au premier plan, le musée
océanographique qui a répandu la taxifolia caulerpa, dite "killer algae" , dans
toute la méditerranée. Derrière, on peut observer que les riches vivent dans des
cités.
Puis Nice, Cannes, Porquerolles,
les calanques. Un très fort vent de face fait passer notre vitesse sol sous les
80 noeuds. Ensuite, la Camargue, les marais salants et leur palette de
rouges.
Alpha Mike (Aigues-mortes).
Montpellier tour, bonjour.
Golf Mike (Grande-Motte). Il y a
bien un golf (à l'arrière plan).
Une architecture bien
reconnaissable.
Finale 31 gauche: vue sur
Carnon.
L'équipe au complet sur le parking
de " l' Hérault" devant cette belle machine qu'est le DA40.
Bilan du voyage.
Finalement notre trajet fut celui-ci: Montpellier - Albenga
(Genova à l'aller) :
Puis Albenga (Genova à l'aller) - Pula :
En ce qui concerne les dépenses, l’avion
seul nous est revenu à 371.25 € par personne ( 1485 € en tout ). Les trois taxes
d’atterrissage, de handling et de parking pour les 4 nuits dans les aéroports
internationaux se sont élevées à 177.47 €, soient 44.37 € par
personne:
o 77,27 € à
Genova (une nuit),
o 55.15 € à
Pula (3 nuits),
o 45,05 € à
Albenga (2 heures).
A cela, il faut ajouter les
cartes Jeppessen LI-1 et LI-2, LD-1 et LD-2 : 53,52 €.
Ajouter aussi les trip kits Italie et Croatie : 78,10 €
Le séjour complet, tout compris (avion,
taxes, hôtels, croisière, restaurants, glaces, etc…) , nous est revenu à environ
640 €/pers.
Partagées en quatre, les
sommes deviennent très raisonnables: nous aurons finalement dépensé 372
€ par personne pour l’avion seul, 64
€ par personne pour les taxes et le trip kit et
205 € par personne pour tout le
reste, soient 640 € par personne en tout.
La follow me nous emmène au fin fond de
l'aéroport. Mettez votre frein de parking me dit-on. Je n'en ai pas répondis-je.
En effet, la manette du frein de parking a été remplacée sournoisement par un
petit bout de scotch. On me dit qu'il n'y a pas d'anneau d'amarrage dans ce
parking. L'employé des pistes ne parait pas très content lorsqu'il revient avec
deux grosses cales de 747, me disant qu'elle sont trop grosses pour passer sous
la roue de mon DA40. Je cale les commandes et ferme les portes. Aucune clé ne
verrouille ma verrière. L'employé commence à trépigner. Tous le monde monte dans
la follow me, direction le bureau de piste. Papiers, taxi, hôtel.
Bilan
financier
Nous avons parcouru 1830 km sur une durée de 11 heures (y compris
le roulage), ce qui fait une moyenne de 167 km/h. Au retour, nous avons eu un
vent de face qui a réduit notre vitesse à 80 nœuds, soient 148 km/h. La plus
grande vitesse que nous ayons atteinte fut de 135 nœuds, soient 250 km/h.
Important:
Vérifier que
l'avion soit assuré pour l'extérieur de l'Europe. Ce n'est pas le cas général.
Vérification à faire bien à l'avance ...
Documents officiels:
La
Croatie n'est pas membre de l'union européenne. Néanmoins, la carte d'identité
suffit pour passer la douane. La monnaie est le Kuna ( Couronne ). Néanmoins
encore, il est possible de payer en Euros. La Croatie est décidemment très
accueillante.
Exemple (cliquer pour agrandir) :
photo photos
photographie photographies phtotgraphy photographies photograph photographer
sortie sorties camera cameras picture pictures